« Chaque éditeur a sa propre expérience. J’en connais qui sont allés poursuivre une formation à Tunis dans le cadre de la Francophonie. Il y en a d’autres qui ont appris le métier sur le tas »
Mukala Kadima-Nzuji, éditeur congolais
S’il fallait vous présenter à nos lecteurs, qu’est-ce qu’on en retiendrait ?
Je suis né à Mobaye, en République démocratique du Congo. Depuis 1983, je vis à Brazzaville où j’enseigne les littératures africaines et la théorie littéraire à l’Université Marien Ngouabi, après avoir exercé près de dix ans les fonctions de lecteur, puis de directeur littéraire aux Éditions Présence Africaine à Paris. Je suis docteur en philosophie et lettres de l’Université de Liège en Belgique, et titulaire du diplôme d’Habilitation à diriger des recherches de l’Université de Paris IV Sorbonne en France. J’ai enseigné dans plusieurs universités d’Afrique, d’Amérique et d’Europe comme professeur invité : Universités de Kinshasa et de Lubumbashi en RD Congo ; Université de Bangui en Centrafrique ; Université Laval au Québec ; Université de Nanterre en France ; Université de Bayreuth en Allemagne. J’ai publié plusieurs ouvrages, notamment un roman, La Chorale des mouches aux Éditions Présence Africaine, à Paris, en 2003, des poésies notamment Redire les mots anciens à Saint-Germain des Prés, à Paris en 1977, et des essais : Jacques Rabemananjara, l’homme et l’œuvre, en 1982, La littérature zaïroise de langue française 1945-1965, à Karthala, 1984, et Théâtre et destin national au Congo-Kinshasa 1965-1990, en 2012. Ancien chef du département de littératures et civilisations africaines à la Faculté des lettres et des sciences humaines de l’Université Marien Ngouabi, j’ai aussi exercé les fonctions de directeur scientifique du Festival Panafricain de Musique. C’est sous cette double casquette que j’ai, par ailleurs, coordonné et publié plusieurs ouvrages qui font aujourd’hui autorité dans les domaines de la littérature et de la musique. En plus de mes fonctions de professeur, je dirige les Éditions Hemar à Brazzaville et le Centre d’Études et de Diffusion de la Littérature Congolaise à Kinshasa. Membre correspondant honoraire de l’Académie Royale des Sciences d’Outre-mer de Belgique, j’ai obtenu quelques distinctions honorifiques : officier dans l’Ordre du Mérite Universitaire, en 2017 ; chevalier dans l’Ordre du Mérite Congolais, en 2015 ; Prix Littéraire National de l’Union des Écrivains Congolais, en 1985 ; Prix Georges Bruel de l’Académie des Sciences d’Outre-mer de France, en 1985 ; 3e Prix de poésie au Concours littéraire national Léopold Sédar Senghor et Médaille d’Argent du Mérite des Arts, Sciences et Lettres du Gouvernement de la République démocratique du Congo, en 1969.
Comment devient-on éditeur en République du Congo ? Quelle est l’offre de formation aux métiers du livre dans votre pays?
Chaque éditeur a sa propre expérience. J’en connais qui sont allés poursuivre une formation à Tunis dans le cadre de la Francophonie. Il y en a d’autres qui ont appris le métier sur le tas. C’est un peu mon cas en ce sens dont je ne suis pas allé à l’école pour devenir éditeur. C’est en pratiquant le métier d’éditeur que je me suis forgé. J’ai passé une bonne dizaine d’années aux Éditions Présence Africaine à Paris. C’est là-bas que j’ai tout appris. À cela, s’ajoutent les expériences acquises en échangeant avec les autres à l’occasion de rencontres de professionnels du livre. Il n’y a pas meilleure école que ces rencontres-là. Car on y croise nos parcours, nos regards, nos questionnements, nos réalisations ; on en tire des enseignements qui servent à améliorer nos pratiques.
Un mot en particulier pour nos lecteurs ?
Écrire est un pari sur la vie. Lire est un pari sur l’avenir. Nous devons gagner ce pari si nous tenons à demeurer nous-mêmes et à participer à notre propre accomplissement.
Propos recueillis par : Ulrich Talla Wamba