À la clôture du festival le 8 décembre dernier au café Tap tap à Port-au-Prince le magazine Publishers & Books a rencontré Anivince Jean Baptiste. Impressions sur le vif.
Bonsoir Anivince, nous sommes actuellement à la clôture du festival. L’ambiance est vraiment littéraire. On peut voir le sourire qui rayonne sur le visage des participants. Il y a aussi ce moment émotionnel où Manno Ejèn a pleuré. Quelles sont vos impressions? Et les prochaines nouveautés pour la deuxième édition ?
Pour la deuxième édition, le cinéma et autres disciplines artistiques seront de la partie pour une fête littéraire beaucoup plus variée. On aura beaucoup plus de pays invités, en dehors de la Martinique et de Cuba. Il y aura « Pri Festival Entènasyonal Literati Kreyòl ». Ce prix récompensera la meilleure production littéraire ou scientifique créole du monde. La deuxième édition se tiendra du 2 au 6 décembre 2020.
On se garde de dévoiler certains projets et nouveautés puisqu’ils sont aussi des surprises pour pimenter l’événement. Oui, Manno Ejèn est passionné de la langue créole. Essayiste, poète, il a passé la majorité de sa vie au Canada, malgré ça, il n’a jamais écrit en français. Manno Ejèn est le symbole d’une lutte. Celle de la place du créole dans la vie de chacun des Haïtiens. Nous étions très contents de l’inviter. L’émotion est forte, nous sommes aussi heureux.
Pensez-vous que Festival Entènasyonal Literati Kreyòl (FÈLKreyòl) va permettre à la langue créole d’être appréciée à sa juste valeur à travers le monde ?
Tout d’abord, je dois souligner que le travail de promotion de la langue créole doit être un geste collectif et citoyen puisant son énergie fondamentale dans ce que nous appelons Conscience linguistique/Conscience identitaire. De ce fait, l’avenir de la langue créole est entre les mains des peuples créolophones du monde entier, héritier de la bravoure et du courage de nos ancêtres africains que l’esclavage et la colonisation avaient humilié. C’est plus qu’un patrimoine linguistique. C’est l’âme de nos ancêtres. Pour nous en Haïti (surtout), la langue créole est notre Messie pour avoir été le médium par excellence des messages révolutionnaires qui ont fondé notre cher 1804. FÈLKreyòl, en étant l’espace de rencontre annuelle des créateurs créolophones du monde en Haïti, opte pour la mise en valeur de la langue créole partout où des créolophones bougent en communauté. Par exemple, en médecine, c’est inacceptable qu’on ne présente pas aussi les posologies en créole. Le créole doit être partout. Ce travail «d’omniprésence » de la langue créole sera réel quand les créolophones du monde entier décideront. D’agir avec conscience dans tous les champs de la connaissance, humains, naturel.
Par Michelle Archille & Ricot Marc Sony